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TRIBUNE LIBRE

Résolument  « non »
Georges Séguy, syndicaliste .

 

Les porte-parole du clan du « oui » ont beau s'éreinter  à faire croire que le projet de constitution n'a rien à voir avec l'actuelle  politique de la  coalition gouvernementale et patronale plus impopulaire  aujourd'hui qu'elle l'était lors des élections régionales et cantonales, ils ne parviennent pas à être crédibles.

 

Bien avant que le pavé dans la mare de la directive Bolkestein  leur oppose un cinglant démenti, il était évident que ce projet de constitution  avait été conçu et rédigé dans le but de garantir la domination du capitalisme néolibéral et pour beaucoup sauvage en Europe.

 

Comment les jeunes chômeurs qui n'auront droit au maigre RMI qu'à  partir de vingt-cinq ans, les victimes de la précarité de l'emploi de plus en plus nombreux, les licenciés des plans sociaux des délocalisations, les salariés  du public ou du privé dont le pouvoir d'achat s'amenuise alors que leurs  conditions de travail s'aggravent pourraient-ils se laisser berner par  l'hypocrisie de ceux qui les assurent qu'en votant « oui » tout ira  mieux ?

 

Ce sont les réalités sociales d'aujourd'hui et les menaces qui  pèsent sur l'avenir d'une Europe encore plus soumise à la voracité du grand  capital qui incitent le monde du travail à rejeter ce projet de constitution  afin d'ouvrir la perspective d'une nouvelle Europe réellement sociale, démocratique et pacifique. Une Europe qui ne détruise pas les conquêtes sociales  nées du programme du Conseil national de la Résistance mais au contraire les  sauvegarde en favorisant ainsi une harmonisation positive des droits du travail  pour tous les travailleurs des pays membres.

 

Tel est le véritable enjeu de ce référendum et il est à craindre  qu'une partie de ceux qui ont intérêt à voter « non » mais qui sont  décontenancés par la convergence des « oui » de droite et d'une partie  de la gauche se neutralisent dans une abstention susceptible de priver les  partisans du « non » progressiste d'un avantage décisif.

 

Soixante années de vie et de luttes syndicales m'ont  appris qu'il est des circonstances où le bulletin de vote citoyen, en  prolongement du combat social, peut être déterminant.

 

Attaché à l'indépendance du syndicalisme, je comprends et  approuve les raisons qui incitent la CGT à ne pas donner de consignes de vote à  ses adhérents lorsqu'il s'agit d'élections politiques, mais cette réserve ne saurait inciter à l'abstention. Voilà pourquoi par fidélité à la cause que j'ai  toujours servie je voterai résolument  « non ».