La Tribune
La
Commission veut faciliter les restructurations en Europe
Le
Commissaire aux Affaires sociales propose de débloquer 11 milliards d'euros dans
le cadre d'un " fonds d'ajustement à la croissance ". Il renforcerait
l'adaptabilité des travailleurs.
" Les restructurations
constituent un processus très naturel, éternel, perpétuel ", a expliqué le
Commissaire aux Affaires sociales. " Et peut être le rythme de ces
restructurations va-t-il être assez intense dans les prochains temps ", a ajouté
Vladimir Spidla. Aussi la Commission a-t-elle l'intention " d' accompagner " ce
phénomène, comme elle l'annonce dans une communication publiée hier.
Pour y parvenir, elle
propose de tenir en réserve 11,3 milliards d'euros, utilisables sur la période
2007-2013. Cette somme proviendrait en bonne partie par un fonds dit "
d'ajustement à la croissance ". Elle serait destinée aux " régions qui souffrent
le plus des effets de la mondialisation ". Pour les salariés, selon Vladimir
Spidla, " elle permettra de raccourcir ou d'éliminer –même si je ne pense pas
que cela soit possible – les périodes de chômage " consécutives aux plans
sociaux. " L'objectif n'est pas de lutter contre ces restructurations ",
continue le Commissaire. Bruxelles souhaite simplement " aider les gens à faire
face au changement " et insiste sur la nécessaire " adaptabilité des
travailleurs ". Car, selon le Commissaire tchèque, l'objectif est bien de "
protéger le travail mais pas des postes " en particulier.
Dans ce processus, la
Commission assure que les partenaires sociaux, dont les syndicats, " ont un rôle
décisif à jouer ". " La Commission prie instamment les partenaires sociaux
européens d'être plus anticipatifs dans la gestion des restructurations ",
explique le communiqué de Bruxelles.
Avec cette proposition, la
Commission Barroso tente, une nouvelle fois, de marquer son souci de
rééquilibrage " social " de sa stratégie de relance. Vladimir Spidla souligne
toutefois que le fonds n'a pas vocation à " s'ingérer dans les principes
fondamentaux de la concurrence " : l'objectif n'est pas de " maintenir en vie
des établissement qui ne sont pas viables ".
Très prudentes, donc, ces
mesures ont en outre peu de chance de dépasser le stade de la proposition. En
février dernier, la Commission a vu rejetée une précédente proposition de
création d'un fonds d'ajustement à la croissance. La France, le Royaume-Uni,
l'Allemagne et la Pologne, notamment, s'y étaient opposés. Cette proposition est
en outre conditionnée par l'adoption, par les 25, du budget de l'Union
européenne sur la période 2007-2013, qui est âprement débattu. Devant tant
d'incertitudes, la Commission n'a pas, pour l'heure, précisé les modalités de
recours au fonds.
Grégoire Pinson