Allocution de Georges SARRE

 

BUREAU NATIONAL DU MOUVEMENT DES CITOYENS

 

Mercredi 24 octobre 2001

 

 

Chers Amis, Chers Camarades,

 

Pour reprendre une interrogation célèbre : que faire ? Que devons-nous faire dans les mois qui viennent pour consolider et amplifier le mouvement, déjà bien amorcé, en faveur de Jean-Pierre Chevènement ? Que peut faire, que doit faire le Mouvement des Citoyens ?

 

Nous devons d’abord rassembler, et encore rassembler, et toujours rassembler. Rassembler en constituant ce pôle républicain où doivent se retrouver tous ceux qui savent que la France s’identifie à la République pour tendre vers l’Universel. Nous ne leur demandons pas d’où ils viennent ; nous leur demandons où ils veulent aller, s’ils veulent aller au même endroit que nous, avec nous. Et pour aller à ce lieu, pour aller à la République, nous savons qu’il y a des étapes. La première de ces étapes passe par la victoire de Jean-Pierre Chevènement. Développons notre esprit d’ouverture et accueillons dans le pôle que nous construisons tous les républicains, tous les patriotes qui souhaitent contribuer à cette victoire. Le Mouvement des Citoyens est dans le pôle républicain avec tous les autres communistes, gaullistes, socialistes, jeunes…

 

Mais, le Mouvement des Citoyens a aussi un rôle à jouer en tant que tel. Parce ce que nous sommes aujourd’hui identifiés, à juste titre, comme étant la gauche républicaine, notre tâche consiste d’abord à convaincre l’électorat de gauche. Nous devons sans relâche dénoncer les dérives sociales-libérales du gouvernement, les privatisations en cours ou en préparation, l’abandon du service public, les lâches acquiescements aux dogmes de Bruxelles, la soumission au marché, la résignation devant le déclin, voire la disparition de la France. Nous devons illustrer nos propos par des exemples concrets, par des exemples parlants ; ils ne manquent pas. Au-delà des exemples nationaux bien connus, nous devons nous servir des exemples locaux. Pour que nous soyons vraiment compris, il faut que nos concitoyens se sentent directement concernés. Moulinex est un triste et douloureux exemple. L’Etat est absent avec des réponses appropriées pour une politique industrielle et d’aménagement du territoire  efficaces et sérieuses. Nous avons droit aux cellules de crise, autant dire du bricolage.

 

Nous savons bien que tous les gouvernements tant de gauche que de droite mènent la même politique sur tous les grands sujets. C’est le système « du pareil au même », comme l’a qualifié Jean-Pierre Chevènement. Nous devons donc nous adresser au peuple de France dans sa totalité. Dans cet esprit, nous devons dire son fait à la droite comme à la gauche et réciproquement. Pourtant, en ce moment, nous rencontrons une difficulté avec la quasi-inaction de la droite. On ne se bat pas contre le vide. En effet, la droite pense que la présence du Président de la République, sans oublier celle de sa femme, lui suffit pour garantir son avenir et que la situation internationale la favorise. Néanmoins, on voit poindre deux angles d’attaque. D’une part, la droite esquisse un programme ; il est encore plus libéral que la pratique actuelle de la gauche plurielle. D’autre part, les ambitions personnelles se découvrent ; Nicolas Sarkozy vise ouvertement Matignon, pendant que les autres cherchent à le contrer. Ce partage de la peau de l’ours, avant même que la chasse soit ouverte, déplaît à nos compatriotes. Et puis, soyons sûrs, à mesure que nous nous rapprocherons des scrutins, les occasions se découvriront.

 

Un mot sur l’électorat de tradition communiste, sur cet électorat populaire ouvrier, qui se trouve désorienté aujourd’hui. On perçoit bien sa réticence à voter pour Robert Hue. Celui-ci a perdu toute lisibilité à force de se conformer aux sondages. On ne passe pas impunément d’un ouvriérisme traditionnel à un « boboïsme » mondain. Alors son électorat potentiel risque de se résigner à l’abstention. Le Mouvement des Citoyens a donc une responsabilité particulière pour le gagner à Jean-Pierre Chevènement. Soulignons qu’après Edouard Balladur et Dominique Strauss-Kahn, Jean-Claude Gayssot devient à son tour le ministre des privatisations. Certes, avec les Autoroutes du Sud de la France, et après l’ouverture du capital d’Air France, on peut s’interroger. Manifestement, croyant faire « moderne », il cherche à concourir pour devenir le champion des privatisations. Car l’exemple des autoroutes n’est pas isolé. Vis à vis de cet électorat attaché tant à l’industrie française qu’à l’indépendance nationale, nous disposons d’arguments forts et probants. Encore faut-il les lui faire savoir car cet électorat ne nous connaît pas assez.

 

Convaincre l’électorat de gauche, attirer l’électorat de droite, mobiliser les abstentionnistes, cela est possible à condition de rester nous-mêmes. En effet, tout montre que nombre de citoyens sont prêts à travailler ensemble au sein du pôle républicain. Notre audience pourra encore s’élargir en fonction des circonstances et de l’offre électorale au jour du scrutin. Nous savons qu’un courant large, puissant et varié est indispensable pour assurer le succès de Jean-Pierre Chevènement. Nous devons donc réfléchir pour lui donner toujours plus de vigueur. Mais, dès à présent, il me paraît important d’essayer de comprendre quels sont les sujets à partir desquels il est susceptible de se développer, comme de percevoir les obstacles qui risquent de freiner son expansion.

 

Un des thèmes qui sensibilise incontestablement les vrais républicains est celui de la Corse et, au-delà, celui de la défense de la République. Par son discours et par son attitude sur ce dossier, Jean-Pierre Chevènement montre qu’il est effectivement « l’homme de la Nation » quelles que soient les réticences que peut encore susciter dans certains milieux son image de gauche. Cette problématique emporte la conviction dans cette partie de la droite qui n’a pas oublié la France, comme elle l’emporte aussi dans la gauche qui sait encore d’où elle vient. Nous devons donc développer notre logiciel républicain dans toute son amplitude pour montrer sa cohérence, pour montrer qu’il dépasse les vieux clivages.

 

Comme chacun peut s’en rendre compte chaque jour, le combat en faveur de la laïcité est toujours pleinement d’actualité. Notre conception de la laïcité est vaste. Elle repose sur la séparation de l’espace du débat public et de la sphère de la vie privée. Aujourd’hui, elle est plus que jamais nécessaire pour favoriser l’assimilation des Français originaires de tous les continents. Car, se posent non seulement l’éventuel problème de la religion, mais aussi celui des racines et des origines. La laïcité est le meilleur antidote contre le poison communautariste. Nous devons donc préciser et diffuser notre pensée. Plus que jamais, la véritable laïcité est un concept d’avenir, un concept rassembleur.

 

Le succès que rencontre actuellement la candidature de Jean-Pierre Chevènement repose sur le fait qu’il apparaît comme un homme honnête, résolu, un homme de parole aux convictions profondes, un homme libre qui ne dépend pas d’un parti ou d’un conglomérat. Cette situation présente un sérieux avantage : il n’est pas entouré d’un appareil avide d’honneurs et de places. Mais après la Présidentielle, il y a les élections législatives. Il faut donc prudemment, en coordination étroite avec l’échelon national, choisir nos candidats aux législatives. Il faudra qu’ils apparaissent dans leur diversité comme les candidats de l’ensemble du pôle républicain. Naturellement, la règle est simple. Nous présenterons des femmes et des hommes qui auront soutenu Jean-Pierre Chevènement. Les critères de la double parité seront respectés : la parité femme-homme, la parité MdC/pôle républicain. Nous ne recherchons aucun accord électoral de premier tour avec quelque formation politique que ce soit. Le pôle républicain n’est pas un concept vide de sens, ni un leurre, ni un attrape-nigauds. Le pôle républicain est une stratégie pour la France.

 

Un mot pour finir sur le fond. Aujourd’hui, plus que jamais, nos compatriotes sont inquiets. Ils sont taraudés par trois sortes de peurs. Peur extérieure avec le terrorisme et une France bien désarmée grâce à la folle théorie des dividendes de la paix. Peur intérieure avec la montée de la délinquance et l’échec de tous les angélismes. Peur sociale avec les menaces sur la protection sociale et les problèmes de santé publique. Contre cette triple insécurité, qui ne relève pas seulement du fantasme ou du sentiment, nous devons mobiliser les Français.

 

Alors, partout dans les comités, dans les communes, les départements, tous ensemble, soutenons la candidature de Jean-Pierre Chevènement, que les forces de l’espoir se lèvent.